Laurence, une force de la nature !
Laurence Dubois est une membre active de Blind Challenge asbl. Elle fut mise à l’honneur par la RTBF à l’occasion du reportage du JT de la RTBF consacré au Repas dans le Noir organisé en juin 2017.
Le journal Le Soir a consacré le 21.11.2018 un magnifique article à Laurence. En voici le texte dans son intégralité.
A l’occasion de la semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées qui a lieu du 19 au 25 novembre, nous avons rencontré une personne qui a su faire de son handicap une véritable force.
Laurence Dubois est une Liégeoise de 45 ans qui souffre d’une maladie congénitale évolutive.
Malvoyante depuis l’âge de six ans, elle peut toutefois percevoir certaines choses en fonction de son état de fatigue ou encore de la luminosité. Mais même si elle voit de moins en moins, son handicap ne l’a pas empêchée d’évoluer dans sa vie personnelle et professionnelle. Voilà d’ailleurs près de deux ans qu’elle travaille trois fois par semaine à l’espace bien-être Ghislain Léger. L’établissement situé dans la rue des Clarisses à Liège permet à la quadragénaire de masser ses clients, mais également de leur prodiguer d’autres types de soins. « Je leur apporte quelque chose de très différent. Je suis très à l’écoute de leurs besoins et ils se sentent très à l’aise avec moi. Pour les mettre davantage en confiance, j’ai même décidé de leur proposer des massages dans le noir. Cette technique permet aux personnes qui n’ont pas un bon rapport avec leur corps d’être encore plus à l’aise sans qu’elles ne se sentent jugées et regardées », explique Laurence qui, en plus des massages, fait également de la réflexologie plantaire. Mais ce n’est pas tout puisque la Liégeoise propose aussi la technique de l’EFT (technique de libération émotionnelle) qu’elle a découverte il y a deux ans et qui l’a énormément aidée dans l’acceptation de son handicap. « J’aime beaucoup le fait de ne pas faire un travail monotone et de pouvoir jongler avec les différentes techniques en fonction des besoins des clients. Je pense que c’est l’aspect que j’affectionne le plus dans ma profession. »
Bien dans son corps et dans sa tête, Laurence n’a pourtant pas toujours été dans un état d’esprit positif. Il lui a d’ailleurs fallu de nombreuses années avant de pouvoir être en paix avec son handicap. Trente-huit ans exactement. Après avoir terminé ses études secondaires dans une école spécialisée de Bruxelles, la Liégeoise n’a pas su trouver sa voie. Extrêmement timide et apeurée par le regard des autres qui pouvaient penser qu’elle était aveugle, elle s’est renfermée sur elle-même pendant trois ans avant de commencer une formation dans le domaine de la bureautique. Mais suite à des problèmes de statut, elle n’a pas pu exercer son activité d’indépendante à temps plein. Après quoi, Laurence s’est finalement consacrée à son rôle de maman en prenant soin de ses deux enfants âgés aujourd’hui de 14 et 16 ans. C’est alors qu’elle a fini par trouver sa voie professionnelle, à l’âge de 38 ans, en servant de modèle à sa sœur qui suivait une formation pour devenir pédicure médicale.
« Je me suis intéressée aux massages, mais également à la réflexologie plantaire qui était un cours donné par ses professeurs. J’ai alors commencé la formation avec ma sœur. Quelque temps après l’avoir terminée, je me suis rendu compte que j’en avais marre de rester à la maison et que je voulais m’extérioriser. J’ai donc décidé de travailler et je me suis adressée à l’ASBL La Lumière pour qu’on m’aide à trouver un emploi. Les membres de l’association m’ont alors expliqué qu’un espace bien-être cherchait justement un collaborateur et qu’il fallait que je prenne contact avec l’ASBL Mirel qui m’a mis en contact avec mon patron actuel. Ça a tout de suite collé. J’ai fait un stage d’un mois pour voir si le métier me plaisait avant de commencer mon CAP d’un an et par la même occasion mon travail, en décembre 2016 », commente Laurence dont le contrat sera normalement prolongé en janvier prochain. Soutenue par ses proches mais également aidée par sa formation et son emploi actuel, la quadragénaire a pris peu à peu confiance en elle et tient à aider les personnes qui sont dans la même situation. « Au départ, je ne voyais pas le positif dans le fait d’être malvoyante. Maintenant, je sais que les épreuves que j’ai vécues ont eu de l’importance. On dit souvent qu’on n’accepte pas un handicap et qu’on apprend à vivre avec. Aujourd’hui, je peux dire que je l’ai accepté et je souhaite à tout le monde d’en arriver là parce que c’est extrêmement libérateur. »